La préhistoire de ce dinosaure du rock se situe vers 1961, quand Pete Townshend qui pratique le banjo fonde un groupe de jazz dixieland avec son ami John Entwistle qui lui pratique de Cor Français. C'est alors qu'un ouvrier étudiant en métallurgie du nom de Roger Daltrey, impressionné par leur maitrise musicale, les convainc de rejoindre son groupe de skiffle dont il est le guitariste solo. Ces "who" en puissances, qui distillent un Rythm and Blues explosif, sont rejoints en 1964 par Keith Moon, un batteur gentillement taré sur les bords ( ce qui lui vaudra le surnom de "Moon the Loon" littéralement "moon le fou" ). Cette formation restera ainsi pendant période la plus importante et influente du groupe. Rapidement, ils choisissent le nom The Who dans un soucis de courtesse ( je connais pas le nom de court, à vous de le dire en commentaire si c'est pas ça). Mais sous l'influence de leur producteur Peter Meaden, ils changent brièvement de nom fin 1964 pour The High Numbers. Puis Meaden sera viré, et ils retrouveront leur nom The Who. Leurs deux nouveau producteurs sont alors Kit Lamber et Chris Stamp.
Alors qu'ils ne le sont pas en réalité, les Who sont à cette époque assimilés au mouvement Mod, caractérisé par une sophistication vestimentaire et une écoute de musiques noire par ces "mods". Quant aux Who, ils pratiquent une musique "relai" entre la musique noire écoutée par les mods et le rock'n roll écouté par les rivaux des mods, les rockers, vêtus de cuir et s'adonnant volontiers à des bastons de rues contre les mods. Pete Townshend raconte une anecdote qui illustre bien cela : un soir, il voit par sa fenêtre un groupe de mods coincer deux rockers et leur jetter des bouteilles, il ajoute :"Je me suis senti soudain une sorte de pouvoir. Je me suis dit : Ce sont ces gens-là qui viennent écouter notre musique ?"
Déjà en 1965, Pete Townshend s'impose comme le personnage principal du groupe. Autour de Londres, il est déjà réputé comme l'un des guitaristes les plus agressifs sur scène, ayant pour coutume de faire virevolter sa rickenbacker dans tous les sens, ce qui choque ou ravie déjà les foules, habituées à voir les groupes jouer en costard. Un soir, alors que le groupe joue à la taverne Railway au cœur de Londres, il se passe un tournant dans la carrière du groupe... Townshend raconte : "J'ai commencé à cogner la guitare dans tous les sens, la frapper contre les amplis pour obtenir des bruits apocalyptiques. Finalement, j'ai fait un trou dans le plafond avec la tête de la guitare. Quand j'ai essayé de retirer la guitare du plafond, le haut du manche est resté. Je ne pouvais pas y croire ! Au premier rang, des étudiants se foutaient de moi il y en a même un qui se roulait littéralement par terre pendant que sa petite amie ricanait. Alors je me suis vraiment énervé et j'ai pulvérisé ce qui restait de la guitare ! Ensuite, je leur ai juste adressé un regard, puis j'ai empoigné une Rickenbacker 12 cordes que j'avais pu m'offrir un moi plus tôt pour finir le concert. La semaine suivante, je suis revenu dans cette salle et il y avait une foule énorme qui attendait qu'un allumé éclate sa guitare !" Ainsi sans le savoir, Townshend avait inventé un rite du rock'n roll : casser un maximum de matos...ce qui deviendra aussi l'une des signature du groupe par la suite.
Bien que townshend soit devenu le personnage principal du groupe, chaque membre garde son mot à dire. Ainsi, la voix puissante et expressive de Daltrey permet aisément de diffuser les sentiments des textes de Townshend, qui évoque avec beaucoup de talent les problèmes et mentalités des adolescents, sans toutefois tomber dans la niaiserie ( cf. Kyo ...). Entwistle est également un très bon parolier, il aura livré à peu près 20 morceaux, teintés d'humour noir et de cynisme, témoignage du caractère de ce musicien pourtant discret sur scène. Discret certes, mais pas timide. Son jeu de scène consistait à rester immobile sur scène, ce qui mettait en valeur le mouvement très souple et rapide de ses doigts sur le manche. Il est souvent considéré comme l'un des plus talentueux bassistes de rock, sûrement à raison, puisqu'il n'avait aucun mal à assurer avec sa basse à la fois les rôles de guitare rythmique, soliste et bien sûr de bassiste. Cela ajouté à son surnom "the OX" ("le boeuf", pour sa faculté à ingurgiter plus que n'importe qui et n'importe quoi, et sa carrure de bon aloi) rappelle que malgré son calme, Entwistle était bien un pilier du groupe. Quant à Keith Moon, il ne me semble pas utile de souligner son importance dans le groupe, auquel il ajoutait toute sa folie, en détruisant sa batterie tout comme Pete détruisait ses guitares et amplis, où lors d'accès soudain de génie (ou de connerie profonde, au choix) en plaçant des feux d'artifices dans ses futs, qui rendirent Pete Townshend sourd comme un pot.
Avec quatre ingrédients comme ceux-ci, on ne pouvait donc obtenir qu'une bonne (que dis-je, excellente !! ) mixture, et il suffit d'écouter tommy (et non pas de voir le kitchissime film), who's next ou un chef d'oeuvre tel le live at leeds pour s'en convaincre.
A bon entendeur...